12 Avr Quelques pistes pour bien vivre le couple confiné
Des expériences ont démontré que les rats, habituellement intelligents et empathiques, s’entretuent en situation de confinement.
Nous sommes un peu comme des rats, et « divorce » ne peut pas être épelé sans les lettres c o v i d. Alors comment prévenir les conflits et éviter de s’entretuer ?
Des besoins non-négociables
Le confinement met à mal certains de nos besoins fondamentaux. Les besoins qui ne sont pas satisfaits activent la frustration, puis la colère et enfin la violence. C’est là qu’on s’entretue.
Il y a deux caractéristiques propres à tous les besoins : ils sont non-négociables (donc ils doivent obligatoirement être satisfaits), et la seule personne qui est responsable de satisfaire ses besoins est la personne qui les vit. Il est donc important pour autant que possible d’identifier nos besoins (en situation de confinement ceux de liberté, de solitude, de calme et d’espace sont au hit parade), puis d’y répondre.
Je suis responsable de mes besoins
Y répondre seul, l’aide d’autrui étant la cerise sur le gâteau. Si je dis « j’ai besoin que tu me laisses de la liberté », c’est une forme de violence (au sens large) envers l’autre. Cette phrase me déresponsabilise et m’enlève du pouvoir ; elle peut aussi culpabiliser l’autre, qui peut sentir une pression. Peut-être veut-elle dire que j’ai besoin de soutien. Bien sûr qu’on peut aider notre partenaire à identifier et à répondre à ses besoins de manière solidaire. Mais même si la situation est particulièrement difficile, en définitive c’est à moi de chercher ma liberté, ma solitude, mon calme intérieur et mon espace. Avant de devenir un con fini confiné, je peux sortir faire un tour en nature.
L’équilibre
Lorsque les enfants partent de la maison et lors du départ à la retraite, on observe de hauts taux de divorces. C’est aussi le cas lors du confinement : on se retrouve seuls les uns en face des autres, et c’est confrontant.
En principe l’équilibre qui en temps normal existe entre moments pour soi individuellement, pour le couple et pour la famille est malmené, au détriment surtout des moments pour soi.
Les habitudes, qui assurent un équilibre des besoins, sont bouleversées. Il est donc utile de prendre conscience du nouveau déséquilibre, et des besoins qui cherchent naturellement à être satisfaits d’une autre manière que celle habituelle. Par exemple, ma copine a l’habitude de danser, alors en période de confinement elle écoute de la musique, téléphone à ses amies et fait davantage de yoga à la maison.
Le rythme
Il est plus usuel d’être attentif à la monotonie qu’une habitude induit parfois, mais moins de la sécurité et de l’espace mental qu’elle procure. Rétablir un rythme aide à se consacrer à d’autres activités ou à mesurer le temps plus précisément et donc à en faire un meilleur usage et moins se disperser.
Une gestion du stress différente
En cas de conflit, les femmes ont tendance à se calmer en cherchant le contact, la connexion et le dialogue, tandis que les hommes essaient de retrouver la tranquillité en s’isolant. La solution pour éviter toute violence est d’être conscient de ces besoins-là. En cas de stress et d’émotionnel intense l’homme pourrait essayer de se désengager un instant, en promettant de revenir pour établir le lien. Et la femme pourrait essayer de trouver toute seule du calme en mettant à profit ses ressources ou en cherchant de l’aide ailleurs, le temps que son conjoint revienne.
https://www.youtube.com/watch?v=kkB-JVgBsVY
N’hésitez pas à demander de l’aide !
Merci à Virginie Giroud pour son remarquable interview dans l’arcinfo du 30 mars 2020, dont cet article est un court développement.
L’article original peut aussi être lu sur mon site web.
Quelques autres ressources
De nombreuses ressources pour les parents et les couples confinés.
L’impact psychologique du confinement et les moyens de l’atténuer.
Une recherche sur l’amour au temps du confinement ainsi que quelques ressources.
Un article du Time sur le sujet.
Credit photo: Claudio
Dominic
Posted at 02:13h, 13 avril(À ne pas lire si vous n’aimez pas prendre des chemins qui côtoient le sujet).
À une époque, j’aimais descendre dans d’anciens réseaux d’égouts, bien équipé en raison d’incidents probables, pour vivre un confinement de six, douze ou quinze heures où mon imagination pouvait s’épanouir et prendre le large comme nulle part ailleurs. Et à ces occasions je croisais des rats pour qui j’éprouvais assez vite de la sympathie. Bien sûr lors des premières rencontres j’avais un peu peur de réactions dues à un instinct de défense immédiat, quand le passage trop étroit sous les pieds, ou peu rassurant sous les pattes, ne nous laissait pas le choix de faire rapidement demi-tour. Un jour, j’avais retenu mon souffle quand le rat que je voyais arriver tranquillement, loin devant moi, avait subitement fait un sprint dans ma direction, pour sauter sur mon pantalon, grimper à la verticale sur ma veste, passer l’épaule comme un col de montagne, et redescendre aussi vite dans mon dos pour continuer tout droit sa course ! Bien que j’étais seul, j’avais quand même crié, puis ris ensuite de cette courte aventure qui me semblait heureuse : le rat intelligent avait fait le choix courageux d’aller droit sur moi (ils sont toujours craintifs), pour ne pas prendre le risque de tomber à l’eau où il se serait noyé, emporté par le courant. J’ai voulu raconter cette histoire pour l’intelligence que vous relevez. Et l’empathie ? Que vous citez aussi. Ah la mienne, d’empathie, c’était certainement d’ôter les appâts empoissonnés posés par la voirie, et cacher dans les recoins des couennes de fromage, des cubes de graines agglomérées, des boulettes de poudre de lait… Tout ce qu’un rat intelligent et empathique aime… Empathique pour les petits dans sa famille, c’était si beau à voir, je les ai vus circuler comme des alpinistes en cordée au bord des crevasses, être menés un à un pour effectuer un passage dangereux, puis attendre calfeutrés l’étape suivante… Ces rats entre eux, et nous entre nous, ou les personnes que j’ai vu affectionner un rat apprivoisé : qu’en est-il de l’empathie de l’un et de l’autre ? J’avais posé la question à un neuropsychiatre, qui m’avait répondu : « Pour le rat ce n’est pas de l’empathie, il ne fait qu’obéir à son instinct, il ne s’identifie pas. Pour vous ce sont des projections enfantines ». Ce n’était pas ce que je voyais pour le rat ou pour moi ! Alors comment savoir ? Dernièrement j’ai appris que les chercheurs considèrent maintenant très possible qu’un animal puisse éprouver de l’empathie proche de celle des humains… Je suis heureux d’entendre que ce que je voulais absolument croire serait bien vrai, après les moqueries que je recevais dans mon enfance et encore après. Je n’oublie pas que le sujet est ici les humains, et je me pose une question. Nous pouvons peu à peu mieux connaître les rats, les corneilles, les dauphins (pas son chien, cet ami on le connaît déjà si bien), mais pour ces humains que l’on révèle au travers de la psychologie, en parallèle avec les connaissances du système nerveux, le regard peut-il continuer à évoluer et comment ? Il a déjà en tout cas évolué dans le public relativement à l’éducation donnée aux enfants, cette « bonne éducation » d’il y a soixante ans que l’on parvient encore à citer comme exemple pour dire : « Voilà pourquoi maintenant tout va mal, on ne sait plus éduquer les enfants ! » Alors on savait mieux quand on savait moins ? Qu’est-ce qu’on sait vraiment de plus ? Je répondrais : Déjà suffisamment pour faire mieux, et y croire sans preuves, parce qu’elles arrivent longtemps après et ne seront toujours pas celles qu’on attend. Ces « vraies preuves… » Est-ce qu’on n’aurait pas de plus en plus de peine à aimer ? Est-ce que c’est plus grave de se méprendre, ou passer à côté ? Le plus « grave » est certainement de se tromper sur soi. Ah je me souviens d’une chanson de Sacha Distel qui aujourd’hui nous tuerait : « Moi je-sais… »
Cindy
Posted at 18:10h, 13 avrilLa femme cherche à se calmer par le dialogue, l’homme par l’isolement. Solution? Laisser l’homme s’isoler..ok. et les femmes? Pas de chance, débrouillez-vous. L’important c’est bien évidemment que monsieur puisse se calmer. Leur tranquillité est prioritaire!
Thomas Noyer
Posted at 19:48h, 13 avrilMerci pour votre commentaire qui me permet de tenter de clarifier ce passage délicat; il met en évidence la tension actuelle entre genres et la difficulté d’un dialogue constructif qui je le crois est toutefois une musique d’avenir proche.
La tranquillité des deux est prioritaire. Dans l’exemple typique et caricatural de l’article, la stratégie de l’homme (l’isolement) ne peut pas être mise en exécution avec sa femme. La stratégie de la femme (la connexion) peut l’être avec son homme (moyennant violence envers ses besoins à lui). Par contre, Madame peut chercher le lien ailleurs (en téléphonant à une amie par exemple) donc elle a plus de marge que l’homme, d’où cette impression peut-être d’être utilisée. En contrepartie (sinon, je suis d’accord avec vous que c’est inégal), Monsieur devrait s’engager à revenir dès que possible pour rétablir le lien.
Une autre possibilité, mais plus difficile car reposant uniquement sur les compétences de l’homme à repousser son besoin, est de garder la connexion immédiatement.
Armelle Bouchety
Posted at 00:25h, 14 avrilAh oui… Chez moi, monsieur s’isole bien, certainement pour nous protéger !! Plus de 20 jours dans le bureau sans passer plus de 10mn par jour avec ses fils !!
Heureusement que les femmes ont besoin de connexion, sinon nos enfants de deux et six ans seraient orphelins chez eux.
C’est lamentable de continuer à conforter cette vision du masculin.
Thomas Noyer
Posted at 08:57h, 14 avrilVotre compagnon ne respecte pas votre besoin (ni ceux de vos enfants); comme je l’ai écrit dans l’article, l’engagement pour l’homme à reprendre le contact (et plus que ça: être disponible pour dénouer le conflit avec Madame) dès qu’il en est émotionnellement apte est primordial à un dialogue constructif.
Nicolas Dubois
Posted at 16:26h, 14 avrilIntéressant