30 Août Concilier HP et couple
En anglais Haut Potentiel (HP) se dit gifted[1]. Être HP est donc un cadeau, mais un cadeau difficile à manier voire un poison (Gift, en allemand). Beaucoup de HP finissent en effet mal des suites d’une pression pour accomplir de grandes choses, de l’inadaptation au système scolaire, à la société (de ne pas être « normalE »[2]), d’un ennui de tout, d’un sentiment de solitude voire d’isolement ou de tout ça ensemble.
Je vous propose ainsi une brève réflexion sur les couples HP, en étant conscient des limites de cette démarche généraliste qui ne saurait tenir compte des spécificités de chaque personne.
Exister à travers le couple
Ce sentiment de solitude, c’est celui de ne jamais se sentir comme les autres et ne pas trouver quelqu’un qui me comprend, avec qui je peux échanger. C’est une blessure que presque tous les HP partagent, au moins pendant leur enfance, surtout si les parents n’avaient pas de patience ou n’étaient pas présents (celui-là de cadeau, on l’accepte volontiers).
Lorsque cette personne fait une rencontre amoureuse, l’émotion est forte : « enfin quelqu’un avec qui partager ! ». La joie et l’espoir qui en découlent est intense. Tout d’ailleurs est intense chez la personne HP, qui ne connaît (en tout cas dans le jeune âge) que les extrêmes : couple fusionnel et relations envahissantes, exigence, perfectionnisme, difficulté à comprendre que l’autre ne peut pas deviner, mais aussi sentiment d’imposture, doutes, dépression, auto-dévalorisation. En outre, leur grande empathie et hypersensibilité fait que les émotions sont décuplées.
Personne moi comprendre[3]
Plus le QI[4] est haut, plus les subjectivités sont marquées (plus la personne est unique), et plus la communication est rendue difficile[5].
L’écart cognitif par exemple augmente de manière exponentielle : il y a davantage de différences entre une personne au QI de 160 et une au QI de 140, qu’entre cette dernière et une personne avec un QI de 120. Pour cette raison, les personnes concernées ont une forte tendance à choisir un conjoint dont le QI se situe dans la même fourchette[6]. En effet, le 80% des gens qui ont un QI entre 80 et 120 auront peu de peine à choisir un compagnon basé sur leur intelligence alors que ceux qui ont un QI autour de 150 constateront que moins de 0,4 % des gens se situent dans la même tranche, réduisant de manière importante le choix d’unE partenaire.
Ainsi deux personnes HP vont se mettre ensemble, ce qui rend leurs couples encore plus complexes[7].
Sheldon demande à Amy si elle veut bien être sa copine (Anglais)
Pour corser le tout, on sait aussi que le HP est une maladie sexuellement transmissible[8].
Quelques pistes pour mieux vivre son couple
Si vous avez lu jusque-là, c’est que vous êtes concernéE ou que vous avez des amis qui le sont. Ou certainement les deux parce que « qui se ressemble s’assemble ». Ou encore que vous avez confondu Haut Potentiel avec Hewlett-Packard et que vous n’avez pas encore réalisé votre erreur. Quoiqu’il en soit, vous n’êtes pas voué·e à résoudre seul·e des Rubik’s Cube et à fantasmer devant vos formules mathématiques en mangeant des boîtes de conserve périmées.
La personne HP vient d’un monde où elle a besoin de tout, en trop et tout de suite[9]. Où la frustration est intolérable. Où les opinions différentes et les critiques peuvent être dévastatrices. Où les émotions débordantes sont difficiles à gérer (Valérie Foussier parle de « dyslexie émotionnelle »). Où l’hypersensibilité et le perfectionnisme amènent de l’angoisse. Ça donne des couples intenses !
Accueillir les imperfections
Qu’est-ce que je risque à ce que ce ne soit pas parfait ? Se poser cette question est source de tension, de stress et d’angoisse : la perfection étant indéfinissable, elle reste un fantasme jamais assouvi puisqu’elle n’existe simplement pas. La vraie question devient alors : « puis-je m’accueillir comme je suis ? », ce qui implique d’abord de se rencontrer soi, de faire en quelque sorte un couple avec soi-même.
Et puis, suis-je capable de respecter le rythme de l’autre ? Car l’autre, même HP, va parfois moins vite et ça c’est pas parfait. Et énervant. Gardez en tête que ce profil est fait de contrastes : l’autre sera moins rapide ici… et plus rapide là. Et quand ça arrive ça peut être frustrant de se sentir derrière. Ainsi, le couple HP enseigne la patience et la tolérance à la frustration.
QI et cuits
Le couple HP a tendance à s’épuiser en donnant (vouloir sauver tout le monde, s’accomplir à travers ses passions de manière extrémiste) ou parfois aussi en recevant (vouloir tout savoir, tout expérimenter). D’où l’importance de créer un équilibre entre donner et recevoir, facilité par la connaissance de ses ressources. J’ai cru constater que l’activité physique et la méditation sont souvent des ressources utiles pour les HP. Certaines personnes à QI élevé ont aussi du plaisir à en rencontrer d’autres, et il existe pour ça de nombreuses associations. Gare cependant aux histoires d’ego : celui des autres ainsi que le vôtre. Les personnes fixées sur le HP sont souvent empreints d’élitisme et de comparaison, remèdes immédiats à un manque d’estime.
Faire un couple avec soi-même
A cause de la corrélation entre QI élevé et subjectivité élevée, le plus important est d’apprendre à vous connaître. Plus vous êtes spécial·e, moins ce sera pertinent de se calquer sur d’autres exemples et plus vous devrez explorer vos propres terres inconnues pour apprivoiser votre caractère unique. De là découle également la nécessité d’accepter les spécificités de votre partenaire, et le deuil de vouloir changer cette personne pour qu’elle corresponde à votre idéal, ce qui en d’autres termes signifie lâcher le contrôle et la fusion. Réalisez que si vous fonctionnez d’une certaine manière, l’autre pas forcément. Cette personne a d’autres qualités que les vôtres, laissez-la se développer dans ses propres passions. Ne confondez pas l’amour et l’attachement, qui se distinguent par la liberté ou son absence.
Crédit photo : Nelani7
Découvrez des extraits de séances et d’autres moments inédits de dévoilement du thérapeute dans mon ouvrage « Dans la peau du psy »
[1] Ce qui signifie « qui a reçu un cadeau »
[2] Mais en fait, normal, ça veut dire quoi ?
[3] Formulation inspirée de maître Yoda dans « la guerre des étoiles », dont les yeux ont été repris sur ceux d’Albert Einstein (un mec intelligent, donc)
[4] Ce qu’on appelle HP n’est en réalité pas très clairement défini, car sur un continuum dépendant du QI (on dit qu’une personne est HP quand elle a au moins 130 de QI)
[5] Le QI est négativement corrélé à la sociabilité. Pour avoir une petite idée du phénomène, « la probabilité d’entrer et de rester dans une profession d’élite intellectuelle telle que médecin, juge, professeur, scientifique, cadre d’entreprise, etc. augmente avec un QI qui va jusqu’à environ 133. Il retombe ensuite d’environ un tiers jusqu’à 140. Avec un QI de 150, la probabilité a chuté de 97% » (traduction de l’article de Michael Ferguson (2015). The Inappropriately Excluded)
[6] Lire aussi à ce propos l’article de Phillipe Guillou, ; Jonason, P. K., Marsh, K., Dib, O., Plush, D., Doszpot, M., Fung, E., … Di Pietro, K. (2019). Is smart sexy? Examining the role of relative intelligence in mate preferences. Personality and Individual Differences, 139, 53–59 ; Gignac, G. E., Darbyshire, J., Ooi, M. (2018). Some people are attracted sexually to intelligence: A psychometric evaluation of sapiosexuality. Intelligence, 66, 98–111
[7] Et qui ne garantit pas que la relation soit satisfaisante (Gignac, G. E., Zajenkowski, M. (2019). People tend to overestimate their romantic partner’s intelligence even more than their own. Intelligence, 73, 41–51)
[8] Lire par exemple Piffer, D. (2019). Evidence for Recent Polygenic Selection on Educational Attainment and Intelligence Inferred from Gwas Hits: A Replication of Previous Findings Using Recent Data. Psych, 1, 55-75., ou encore le classique Terman, L. (1959). The Gifted Group at Mid-Life: Thirty-five Years Follow-up of the Superior Child. Stanford University Press
[9] Selon Caroline Goldman il n’y a pas de corrélation entre HP et traits de personnalité, ce qui est plus intéressant sont les problématiques de limites
Olivier Wilhem
Posted at 12:25h, 30 aoûtBel article, aussi bien étoffé que documenté, chapeau.
(intéressante manière d’inclusion avec une capitale, c’est la première fois que je le vois)
Thomas Noyer
Posted at 12:35h, 30 aoûtMerci pour votre commentaire!
Dominic
Posted at 19:33h, 30 aoûtÀ l’âge de douze ans, lorsque j’insistais pendant une semaine pour que ma mère recouse les boutons tombés de ma chemise, l’élastique de mon pyjama déchiré, ou que je partais à la recherche de vêtements propres cachés entre les piles de Geographic Magazine, Médecine et Hygiène, Weltwoche, Science & Vie, Life… Ma mère me répondait : « Je suis une universitaire, pas une femme de ménage ! » Ah j’oubliais mon père qui avait fait remplacer les boutons en nacre de ses chemises par des boutons-pressions. Il rentrait tard le soir, tombait sur le lit à côté de sa pile de « Franc Rire », « Mickey Magazine », et quand même la sérieuse « Feuille d’Avis de Lausanne » qu’il allait poser le matin sur les piles le long du corridor. Oui, mon père était aussi un universitaire, qui déclarait : « Après avoir réussi mon diplôme, j’ai décidé que j’avais fini de m’instruire. Maintenant, je veux lire pour rire !.. » Quand on me demandait qui il était, ce qu’il faisait, je répondais : « Il travaille et il dort… » Et à la même question portant sur ma mère : « Elle lit des journaux et dort… » Et moi, qui j’étais ? C’est mon père qui le disait en riant aux personnes que nous rencontrions rarement : « Mon fils est comme moi, il est bête mais arrive à faire croire qu’il est intelligent ! Hahaha ! » Et quand on lui demandait de parler de sa femme : « Elle a un Q.I. de 140, c’est une Martienne ! Et je répète souvent à mon fils qu’il ne devra jamais épouser une femme comme sa mère, hahahah !.. » La femme que j’ai le plus aimée dans ma vie était tout, et le contraire de ma mère : « Je ferai tout ce que tu me dis ! Toujours ! J’obéirai, tu me donneras des ordres… Oh je me sens si heureuse avec toi ! » Puis la belle-mère était arrivée pour me parler en seul à seul : « Vous savez Dominic, je ne veux pas être la belle-mère qui se mêle de tout, mais laissez-moi venir pour faire la lessive. Vous ne connaissez pas encore bien ma fille… » Là je l’ai rassurée : « Pas de problème Madame, c’est moi qui ferai la lessive, J’ai appris à me débrouiller depuis l’âge de douze ans ! » Oui j’étais heureux avec mon amie qui riait, pleurait, criait, me disait : « Avec toi j’oserai tout ! Tous mes rêves !.. » Elle vivait à toute allure, changeait trois fois de vêtements dans la journée, les lançait sur la pile, et nous repartions comme des fous pour des aventures qui me donnaient des angoisses, mais je rentrais épuisé et plein de bonheur. Mais un jour où je me sentais à la limite de mes forces, je lui avais dit : « Pourquoi ne pas faire les fous le week-end, et la semaine on essaye d’avoir une vie plus raisonnable… » Elle m’avait répondu : « S’embrasser à droite et à gauche chaque soir à dix heures avant d’aller dormir ?.. Plutôt mourir ! »
Après la belle-mère, c’était le beau-père chef de police qui voulait me conseiller : « Dominic, vous êtes beaucoup plus intelligent que moi, mais je connais ma fille… Elle nous a tous menés par le bout du nez, elle fera la même chose avec vous… » Et moi : « Votre fille est sauvage et sincère, nous nous aimons, elle m’apporte une forte liberté que je n’osais imaginer que dans mes rêves… Elle ne me mène pas par le bout du nez, et je ne la retiendrai pas par le bout du nez non plus… »
« J’ai toujours été bête pour tout le monde, sauf pour toi !.. » me disait-elle. Et là je pensais : « Ah oui tu n’es pas intelligente comme ma mère dans le désert… » Et lui disais : « C’est tellement heureux ce que tu appelles de la bêtise, donne-en moi beaucoup… » Et on s’embrassait pendant que des étoiles flottaient sous le plafond. Mes amis me disaient : « Dominic tu n’es pas bête, va-t’en avant que ce soit trop tard, nous pourrons revenir te trouver quand tu ne seras plus avec cette fille, elle est dangereuse ! » Et moi : « Ma vie n’est pas ailleurs… »
Elle me faisait peur quand elle chuchotait à mon oreille : « Tout ce que je vis avec toi c’est pour la première et la dernière fois… Ensuite je mourrai, je le sais… »
Mes amis intelligents comme moi, je n’ai plus jamais voulu les revoir. La fille très bête et folle ne pouvait plus les gêner, les inquiéter, ils ont juste eu le temps de vouloir me consoler : « C’est mieux pour toi maintenant, et pour elle aussi… » C’était peu de temps dans cette vie, mais je l’ai gardé, et ce n’est pas avec ma raison que je suis capable de le mesurer. Et je ris parfois en songeant aux conseils que l’on me donnait dès mon plus jeune âge… J’ai décidé de rester intelligent et bête, la cohabitation est possible.
(A l’auteur : Si ce commentaire est trop long, ou s’éloigne trop du sujet, vous avez la liberté de ne pas le publier)
Thomas Noyer
Posted at 00:04h, 31 aoûtNous on dit « bête comme ses pieds » mais pour d’autres cultures l’intelligence se situe justement dans les pieds, ce qui montre à quel point la notion est complexe et relative. Et il y a les besoins, et les différentes parties qui cohabitent en nous. Moi aussi parfois j’ai besoin d’être intelligent et parfois bête. Les deux. Et tant qu’on peut pas faire ça tout seul c’est bon d’avoir une personne qui nous aide à le vivre à deux, non? 😉
(A l’auteur : Vous devriez postuler pour un blog au Temps)
garnier
Posted at 11:36h, 18 avrilC est beau on dirait un livre. Un tout petit peu hermétique mais on pourrait le lire comme une nouvelle (en clarifiant deux trois endroits, qui parle. En créant quelques respirations dans le texte.) Et que ce soit une histoire vraie (ou pas) c’est tres puissant à lire. Merci.
Marc
Posted at 01:09h, 31 aoûtMerci Thomas, article utile, que j’apprécie beaucoup. Il aide à donner de l’espoir et à donner de la vie à un terrain qui n’est au final pas si vague et vide que ça ou que ce que les gens croient. Même si à force de se battre, se débattre, de croire encore et toujours et de croître, nous y arrivons, le chemin a été très difficile sans soutien émotionnel (j’ai découvert ce que c’était grâce à ma femme, qui elle est empathe,,,). Enfin… ça soude, on apprend à mieux se connaître, savoir qui je suis réellement, ce dont j’ai envie, et là je prends mon envol, petit à petit, de plus en plus, dans la réalisation et l’expression de ce « haut potentiel ». Garder les pieds sur terre… This too shall pass. Bonne suite.
Thomas Noyer
Posted at 09:06h, 31 aoûtMerci beaucoup Marc, pour votre témoignage touchant!
Clément
Posted at 15:14h, 01 septembrePour les autres, je vous conseille cette marche à suivre simple :
– oui = peut-être,
– peut-être = non,
– non = c’est assez clair, pas besoin d’en rajouter.
Nous avons tellement besoin d’entendre un « oui » que les autres ont tendance à se montrer « sympas ». Ne vous fiez toutefois pas à cette gentillesse car elle n’est pas sincère. Ils ont juste beaucoup de vous pour travailler moins et passer plus de temps à s’amuser, sans vous.
En Asie, c’est plus clair:
https://www.youtube.com/watch?v=bj4BhCM8z3Y
Et, surtout, ne donnez jamais votre confiance à personne. Les autres ne comprennent pas ce que cela signifie. L’hypersensibilité est un poison (gift, en allemand).
Thomas Noyer
Posted at 15:29h, 01 septembreJe dirais plutôt que ce qu’on attire est un reflet de qui on est (nos croyances, nos limitations, nos jugements). Le HP est un mauvais alibi à nos propres limitations.
Dominic
Posted at 06:50h, 02 septembreSi vous parlez d’un homme et d’une femme qui se rencontrent à une soirée d’amis, après un accrochage en voiture avant d’aller boire un café, à un arrêt de bus désaffecté un jour de pluie, dans un train qui part en sens inverse pour chacun… Si c’est bien de cet homme et cette femme qui existent des millions de fois… Que votre commentaire me semble triste !
Cham
Posted at 22:33h, 21 juinTrès pertinent et fin et en plus synthétique. Vous êtes doué ! HP doué !
Thomas Noyer
Posted at 07:55h, 22 juinJe travaille dur pour vulgariser!
Merci pour votre commentaire 🙂
pulco
Posted at 16:07h, 14 octobreJe profite de cet article (tres bien fait au passage 🙂 ) pour vous demander un conseil.
Je suis mariee depuis 20 ans maintenant et mon mari s’est toujours senti different, decale par rapport au monde « normal ».
Je reprendrais une de vos phrases qui le caracterise parfaitement (notre couple aussi d’ailleurs) :
« Tout d’ailleurs est intense chez la personne HP, qui ne connaît (en tout cas dans le jeune âge) que les extrêmes : couple fusionnel et relations envahissantes, exigence, perfectionnisme, difficulté à comprendre que l’autre ne peut pas deviner, mais aussi sentiment d’imposture, doutes, dépression, auto-dévalorisation. »
Il a subi du harcelement tout le long de son cursus scolaire et alors qu’il commencait a s’accepter (lorsque je l’ai rencontre), il a vecu un harcelement a son travail qui a fini de le convaincre que les gens (la societe en generale) le detestaient, lui et que c’etait comme ca et qu’il fallait vivre avec…
C’est donc une souffrance pour lui et meme si il a une force de caractere assez impressionnante (vu tout ce qu’il est arrive a surmonter), il passe frequemment par des phases depressives.
Je me trompe peut etre mais en ce qui me concerne il est une personne HP.
Sauf que lorsque je lui en parle, il refute tout de suite. Me disant « moi? hp? je suis nul, j’ai rien fait de ma vie. Hp, c est n’importe quoi, ca ne veut rien dire ». Bref, il refuse l’idee meme qu’il puisse l’etre et que cela puisse etre une des raisons de son mal-etre et de sa tres mauvaise estime de lui.
Auriez vous un conseil a me donner pour arriver a le convaincre de consulter (il est evidemment contre les psy-qqchose ou les therapeutes qui sont de gros charlatans selon lui) ? Ce qu’il faudrait lui dire pour provoquer le declic?
Je ne vous demande pas une consultation bien sur 🙂 mais un eclairage sur ce qu’il faudrait dire a une personne que l’on considere comme hp, pour lui permettre d’avancer?
Je vous remercie pour votre article qui eclaire intelligemment ces personnes et ce qu’elles subissent.
Thomas Noyer
Posted at 16:50h, 15 octobreMerci pour votre réaction; je suis heureux que cet article ait pu éclairer un peu votre vécu.
Il y a souvent la croyance que le haut potentiel est associé à la réussite; les HP dont la trajectoire de vie les a fait manquer d’estime ou se dénigrer n’arrivent donc parfois pas à intégrer ce diagnostic.
Vous voulez qu’il consulte mais je ne sais pas ce qui rendrait votre mari plus heureux. Parfois une bonne lecture sur ce que sont les HP est moins menaçant que de voir quelqu’un directement.
Ca me fait penser aussi à l’article « Mon mari ne veut pas faire de thérapie », peut-être qu’il rassurerait votre mari sur le fait de consulter? C’est en tout cas ce que certains hommes m’ont dit :
https://blogs.letemps.ch/thomas-noyer/2019/07/11/mon-mari-ne-veut-pas-faire-de-therapie/
Bien à vous
fajnlicht
Posted at 08:35h, 26 octobreBonjour à tous, heureuse de lire ces articles, ..dans la barre de recherche internet j’ai tapé couple HP et je suis tombée sur vous. 50 ans presque et le bilan n’en finit pas, tous les jours les remises en questions et celles qui satellitent en permanence : que faire pour ne plus être vue comme ça ? Me faire coudre la bouche, ou me cacher dans un terrier pour ne plus en sortir ? Être perçue comme une sorte de tsunami de mots et d’avalanche de précision. Il serait donc impossible de parler avec moi, je décortique je surenchère je démonte l’argumentaire et j’en passe. Je sais que tout ceci est vrai, vraiment vécu comme cela par l’autre. Il n’en reste pas moins que je suis démunie, car touchée en plein coeur, histoire après histoire, ce qui revient toujours, c’est que mon intelligence noie tout, jusqu’à l’envie de l’autre de retorquer, de me critiquer, de s’expliquer de parler. Alors il abandonne et ne dit rien. Ce n’est pas mon reflet, moi qui ne cherche que le partage et l’accomplissement de l’autre, je suis les défauts de mes qualités et vice versa. En tant que femme c’est terrible, je vois les hommes se cacher derrière leur pseudo « pas à la hauteur » à côté de moi, moi qui aime tant nos différences et ne suis pas particulièrement tentée pour rapprocher nos frontières, j’implore souvent l’indulgence car eux et moi, je nous considère au même niveau. Quel chemin pour susciter la compréhension chez l’autre, quoi lui demander et quoi mettre en place chez moi…à part le silence, je ne peux m’obliger lors d’un désaccord à ne pas analyser les arguments, me défendre ou faire préciser. C’est contre nature pour moi et je devrais jouer un rôle toujours. Merci de votre lecture, un conseil peut être…Bien à vous
Thomas Noyer
Posted at 09:17h, 26 octobreMerci pour votre partage.
Quand on est « too much » il y a effectivement le danger de se résigner comme stratégie pour éviter l’isolement ou la solitude. Le danger de cette stratégie, et vous l’avez bien compris, est de s’isoler de soi-même; vous n’en voulez pas. Il reste donc à trouver des personnes avec qui vous vous sentez en confiance d’être pleinement vous-même. Ces personnes existent! Et il me semble qu’il s’agit de l’être avant tout avec vous-même, la condition pour attirer les personnes qui pourront vous accueillir telle que vous êtes.
fajnlicht
Posted at 09:25h, 26 octobreJe comprends que vous avez raison, merci d’avoir répondu si vite. Restent quelques réglages à faire sur moi aussi…donc..
Merci bien !
Gwenn
Posted at 22:01h, 20 décembreBonjour à tous… J’arrive dans ce blog en toute fin d’année, une dernière ligne pas très droite grâce au Covid, et ai envie de partager avec vous la complexité de vivre en couple zèbre (ou HP), couronnés que nous sommes pas ce fléau planétaire dont il y aurait tant à commenter. Mais ce n’est pas là mon propos du jour. Je suis très heureuse et soulagée de vous avoir découvert si près de chez moi (Fribourg), cela me donne un sentiment de « togetherness » qui me réchauffe le coeur.
Permettez-moi de vous préciser le plus brièvement possible (ha ha !) ma situation: j’ai fait connaissance d’un homme en 2014 pour des prestations professionnelles. Le courant est passé instantanément. A cette époque, je ne savais pas ce que c’était d’être zèbre. Je l’ai appris en 2016 après avoir fait une évaluation.
Cet homme, plus jeune que moi, m’a immédiatement conquise par sa douceur et sa gentillesse. Nos échanges ont très vite dépassé le strict cadre client-prestataire et cela m’avait touchée profondément. Puis nous nous sommes perdus de vue. Un jour de juillet 2019, je reçois un WhatsApp d’un no. inconnu qui me propose de boire un café ensemble. Après avoir réussi à identifier l’audacieux, mon coeur s’est mis à battre de façon inexplicable. Nous nous sommes rencontrés, et l’impensable est arrivé. Nous sommes en couple depuis. Mais quel couple ! Il faut dire que nous avons chacun notre lot de préoccupations personnelles lourdes et cela impacte inévitablement notre relation. Le Covid étant venu jouer les trouble-fête entretemps, notre couple souffre intensément aujourd’hui. Mais notre amour est incontestable, et malgré les grosses difficultés, nous n’imaginons pas une seconde pouvoir vivre l’un sans l’autre.
D’où ma recherche insatiable de réponses à nos soucis.
Comme déjà cité plus haut, je suis « trop », et mon homme super discret… Et parfois c’est le drame. Comme seuls deux zèbres peuvent vivre leurs dissensions.
Et puis ce soir je « tombe » comme par hasard (auquel entretemps j’ai enfin fini par cesser de croire) sur la description que vous, Thomas, avez faite dudit couple. Et j’ai enfin pu tout mettre ensemble dans la même tête pour donner du sens à tout ce marasme ! Cela ne veut pas dire que nous sommes sortis d’affaire, cela veut surtout dire pour moi que oui, nous voulons passer le reste de notre vie ensemble, mais oui, ce ne sera pas facile… Aïe !
Par contre, il me faudra trouver les outils pour apprendre à accepter mon cher compagnon tel qu’il est, et ça ne sera pas facile. Mais je n’ai jamais, de ma vie, aimé avec autant de certitude que j’étais au bon endroit, et vécu avec une telle intensité, et une telle richesse, avec autant de liberté, cette chère liberté que j’ai tant de peine à prendre et à vivre…
Il est une chose que j’ai apprise depuis que j’ai pu mettre un nom sur ma différence, c’est qu’il essentiel pour moi, et peut-être aussi pour mes coreligionnaires zèbres, de créer un cercle de connaissances et amis du même acabit, au risque de nous étioler, faute de partage, ce qui me permet de mieux faire connaissance avec moi-même et par conséquent de l’autre.
Aujourd’hui je parle avec facilité de ma différence, mais je choisis avec qui. Et je n’en retire aucun orgueil, car en effet, nous ne sommes ni meilleurs ni moins bons, ni plus intelligents que les autres; nous sommes construits de façon différente avec des outils et des ressources différents. C’est juste que j’apprécie d’être qui je suis, car si cela me cause souvent des douleurs et des questionnements, le bilan global est positif. L’unique chose que j’aurais souhaitée: être reconnue comme telle en tant qu’enfant plutôt que de souffrir d’incompréhension d’adaptation au monde qui m’entourait pendant tant de longues années…
Donc, merci à vous tous d’être là et je vous souhaite le meilleur !
PS: J’ai explosé de rire avec la vidéo de la déclaration de Sheldon à Amy 😀
Thomas Noyer
Posted at 14:45h, 22 décembreMerci pour votre partage sensible et touchant, et très heureux de pouvoir offrir à mon tour une forme de réconfort (et des rires ;P)!
garnier marine
Posted at 11:47h, 18 avrilMerci pour cet article. C est absolument fou comme instantanément en lisant on se dit : il est bien. Je sais ca ne veut rien dire dit comme ça? C ‘est juste pour dire, en lisant je ressens immédiatement la capacité à mettre en relief, à rendre abordable, pour autant l’intelligence profonde et détaillée derrière, la profondeur d’analyse et surtout l’accueil de l’autre. Enorme. L’attention, la place faite au lecteur ou à la lectrice. Au passant/e, au visiteur/euse. C ‘est fou de le savoir en quelques lignes. Et a travers la finesse des titres. Courts plein d’humour et d’intelligence. Qui visent si juste en quelques mots. Ca me met les larmes aux yeux. Ce texte est juste. Comme tout article il ne peut pas tout dire, tout donner, d’un coup. Il ne peut pas analyser tout en détail mais tout est présent derrière on le sent. Merci pour vos mots et les points touchés. Merci du fond du coeur.
Thomas Noyer
Posted at 12:15h, 18 avrilMerci pour votre mot si sensible, si touchant, si vulnérable et authentique. Je suis heureux que vous ayez pu retirer quelque chose de ce texte.
Si votre intérêt vous porte vers l’authenticité du thérapeute, j’ai publié un livre (« Dans la peau du psy ») où je parle de séances du point de vue du thérapeute et où justement je dévoile ma pratique.
GARNIER
Posted at 12:32h, 18 avrilJ’ai une petite pile de livres en attente mais c’est bien noté ! Vous faites consultations ou vous dédiez d’avantage actuellement à la rédaction ?
Thomas Noyer
Posted at 13:03h, 18 avrilLes deux sont complémentaires, mais comme il faut payer les factures j’écris moins souvent que je souhaiterais…
GARNIER
Posted at 13:06h, 18 avrilEt vous avez un cabinet à Neufchatel et un à Lausanne c’est ça ?
Thomas Noyer
Posted at 13:10h, 18 avrilJe ne travaille plus qu’à Neuchâtel
GARNIER
Posted at 13:11h, 18 avrilEntendu