17 Mai Une psychothérapie solidaire
Un jour je suis tombé sur l’histoire d’un vendeur de pizzas à Philadelphie. Il vendait ses tranches de pizza 1$ et proposait de mettre 1$ supplémentaire pour acheter un coupon qui permettrait à un des sans-abris des environs d’avoir une tranche gratuite.
La vidéo qui m’a inspiré pour la psychothérapie solidaire (1’36)
Cette histoire m’a beaucoup inspirée et j’ai voulu la transposer dans ma propre pratique professionnelle, ce qui vous vous en doutez n’était pas aisé car la pizza est un objet alors que la psychothérapie selon la manière que j’essaie de la pratiquer est une relation et une rencontre.
En 2014 j’en suis arrivé au concept suivant : j’offre la possibilité à mes clients de donner de l’argent pour un fonds ; je double cette somme avec mes moyens propres. Je réserve ensuite ce fonds à des personnes ayant peu de moyens financiers, restreignant la possibilité d’un suivi ou sa fréquence alors qu’elles traversent une situation difficile et qu’elles montrent une motivation forte à évoluer dans leur problématique. La personne qui reçoit ce don est invitée à écrire un message de remerciement anonyme pour chaque personne donatrice (y compris le thérapeute), que je transmets aux personnes intéressées. J’ai fixé un plafond par séance pour favoriser l’engagement du client et/ou pour éviter un biais de désengagement qu’une notion de gratuité pourrait éventuellement induire.
« Bonjour, un grand merci pour votre participation qui m’aide à aller de l’avant
et prendre soin de moi et qui aide aussi toute une famille.
Je suis papa de 2 enfants en bas âge et votre aide nous est précieuse »
J’emprunte à Maureen O’Hara (discussion privée) l’idée qu’une solution créative a le pouvoir de transformer un problème en solution. Dans le cas de la thérapie solidaire, le problème que pourrait être la honte de solliciter l’aide du thérapeute et un soutien financier devient une ressource, puisque par son mot de gratitude le client devient intégré dans un système de solidarité humanisante et souvent inspirante où le donateur, le client et le thérapeute reçoivent et donnent à la fois. Le système de don a ainsi le potentiel de devenir thérapeutique car le client fait l’expérience que non seulement son « problème » est accueilli, intégré, mais aussi transformé en ressource.
Anne Fontaine et moi avons initié ce mouvement au Cabinet Sens à Neuchâtel, puis d’autres collègues s’en sont inspirés. Si vous souhaitez faire de même dans votre propre domaine, partagez votre expérience ! Nous en serions honorés.
« Si je m’aime, je peux aimer mon compagnon. Et quand on s’aime à deux
il y a bien des chances que l’on puisse distribuer beaucoup autour de soi.
Est-ce cette découverte qui a guidé votre générosité?
Un grand merci pour votre don que nous recevons avec considération et gratitude »
Un exemple de courriel reçu en réaction
La solidarité dans d’autres domaines professionnels
Un exemple de don solidaire au Tribunal (regarder jusqu’à 5’30) (merci à Pauline Schockaert)
Découvrez des extraits de séances et d’autres moments inédits de dévoilement du thérapeute dans mon ouvrage « Dans la peau du psy »
J.m.
Posted at 21:21h, 17 maiCe ne doit pas être facile d’avoir des patients en crise, qui dépendent désespérement de votre aide, et de quand même leur faire comprendre que cette donation est libre et ne changera pas votre attitude à leur égard…
Personnellement, je ne saurais pas comment m’y prendre tant j’aurais peur que je leur prive de leur libre-arbitre en choisissant de leur imposer dans un moment de crise et de dépendance thérapeutique l’existence de ce mécanisme d’aide.
Mais, je dois être un vieux …
Thomas Noyer
Posted at 21:37h, 17 maiMerci pour votre remarque intéressante. Je crois que ce système pourrait effectivement rentrer en conflit avec certaines approches thérapeutiques, en particulier celles qui encouragent ou profitent d’une distance affective entre client et thérapeute.
Il y a aussi un autre facteur à mon avis déterminant, c’est la différence de clientèle entre la pratique d’un psychologue en libéral ou en milieu psychiatrique. Je travaille dans les deux milieux mais n’utilise ce système que dans mon cabinet privé.
Céline
Posted at 17:58h, 20 maiBonjour, je trouve cette démarche très inspirante. Par contre je ne suis pas sûre d’avoir bien compris l’idée de plafond. Est ce que cela signifie que la personne qui bénéficie de cette aide participe également financièrement mais dans une limite que vous fixez au préalable ?
Thomas Noyer
Posted at 18:51h, 20 maiMerci!
Le plafond concerne la part de don par séance, qui est fixée à 30CHF (15CHF de ma poche et 15CHF du pool des donateurs).
Azais Nathalie
Posted at 21:35h, 03 juilletBonsoir Thomas, j`arrive a Neuchatel depuis l etranger et une jeune femme sud africaine me recommanda ce jour de vous contacter car vous pratiquez a des prix compatibles avec les moyens financiers disons modestes. Je trouve cette idee genereuse car faisant part aux beneficiaires que des personnes anonymes sont solidaires avec eux et contribuent personnellement pour les faire aller mieux. C chouette. Aujourd hui j`ai eu face a moi un `service` de jemenfoutistes juridiques qui m ont laissee repartir sans Consultation juste parce que je ne pouvais pas payer 30 CHF pour une consultation de 15 mn. C est en vain que j avais explique a la `personne` a l`accueil que j`etait une Femme Victime dans `mon pays de droit` qui me refuse assistance juridique depuis plusieurs annees et que je pensais pouvoir trouver Asile en Suisse. For lawyers money is money … Je suis sans logement individuel dans mon pays depuis plus de 6 ans, apres agressions pendant mon unique grossesse par mon ex compagnon, perte de bb et eviction abusive de mon Appartement Social ou les faits ont eu lieux. Je n ai Aucun Avocat dans mon `pays de droit`. Comment faire pour retrouver confiance je ne sais pas tres bien.
Thomas Noyer
Posted at 08:24h, 04 juilletMerci pour votre cri du cœur. Je vous invite à me contacter par message privé ou téléphone